Moi je, Jésus-Christ

(...) suis né du mensonge de ma mère.

Etait-elle belle à damner un ange ? Je ne sais pas. Les langues vipérines du village susurraient qu'elle suintait le sexe, que sa jolie bouche aurait pu être la création d'un diable et ses jolies jambes faire oublier des pieds fouchus. Comment suis-je né ? De qui venait la semence qui a arrondi son ventre ?

Si, pour répondre aux-curieux, je reconnais être un juif athée, je ne pense pas que l'athéisme éclaire plus que la religion n'aveugle. L'athée dégage son horizon de chimères, mais par quoi les remplace-t-il ? Ce vide ne saurait rester désert et laisse sans doute la place à de nouveaux aveuglements. J'aime mon Jésus. Je voudrais que tous puissent l'aimer tel que je le décris, au plus près de ce que j'estime être sa vérité psychologique, car l'amour réel est d'accepter l'autre avec ses faiblesses, pour ce qu'il est, et non tel qu'on l'imagine et qu'on le voudrait. Aimer ce Jésus est faire un pas vers l'amour universel.

Théo Delibes