Moi, Viyan, combattante contre Daech

Avec l'aide de la journaliste Pascale Bourgaux, Viyan -c'est son nom de combattante kurde- raconte ses années de lutte. Et son témoignage, aussi riche que sincère, nous apprend beaucoup.
D'abord, Viyan est une femme. Et pour elle, ainsi que pour les femmes qui combattent à ses côtés, l'engagement dans la lutte armée va de pair avec l'émancipation. Elles ont choisi de s'engager dans une vie de combat pour défendre leur pays contre les invasions djihadistes, mais aussi pour échapper à la vie d'épouse, qui n'a rien d'enviable dans une société patriarcale.
Ensuite, c'est une combattante expérimentée: six ans passés au coeur des combats, à divers postes, au moment où elle témoigne. Elle peut donc nous dessiner un portrait très complet de la résistance kurde aujourd'hui. Elle raconte son enrôlement, l'entraînement -physique et doctrinal-, les combats, l'organisation des troupes, les blessures. Elle décrit également clairement l'ennemi, Daech, avec ses tactiques et sa philosophie de combat particulière, si différente de celle qu'applique l'armée kurde. Enfin, elle ne retient pas ses critiques, envers la société kurde, machiste et injuste, envers l'Occident, et bien sûr envers la Turquie, ennemie déclarée des Kurdes... et ces critiques résonnent d'autant plus fort aujourd'hui que les Kurdes ont presque disparu de notre paysage médiatique, au profit d'entente trouvée avec les Russes, ou d'accord signé avec la Turquie.
Une phrase reste, quand on quitte Viyan en achevant notre lecture, qu'on referme l'ouvrage en se demandant, c'est inévitable, si elle est encore en vie :
"En fait, c'est le monde entier, devenu fou, que nous voulons changer et démocratiser"
Un bien bel espoir...