Mon beau légionnaire

En 1960 et quelques, le village d'Auteuil, comme on l'appelle, a beaucoup changé depuis l'époque où Molière, Racine et la Champmeslé y vécurent, ou même les frères Goncourt. On y voit surtout évoluer le Comité des Veuves et Martyres de la rue Ribéra, Stella la serveuse du Pam-Pam, le chanoine Cercueil et ses vicaires, le boucher Chrysostome et le Vampire des Acacias.

Ce roman est une histoire d'amour entre Très-Vieille-Olga (soixante-treize ans) et son beau légionnaire, histoire qui tourne mal et qui la pousse dans le ravin. C'est aussi l'histoire d'un garçon de treize ans, Simplicius, et de son ami le légionnaire, qui ne restera pas longtemps son ami, car l'amitié ne dure guère plus que la passion. Mais c'est surtout une histoire de vieilles dames en tuniques qui fondent une ligue de vertu pour le «réarmement moral» qui en a tant besoin, et qui discutent accessoirement de la très grande vieillesse, de la peau qui flanche, de l'attrait des hommes et des fleurs de jardin.

Mais ces Veuves sont des folles qui ont de l'appétit, caquettent méchamment et redeviennent de monstrueuses petites filles que les mots enchantent et les mensonges étourdissent. La cruauté, pour elles, est une manière de poésie.