Jean-Roger Caussimon(1918 - 1985)
Contrairement à ce qui se dit souvent, Jean-Roger Caussimon n'est pas d'origine bordelaise. Il est né à Montrouge, dans la banlieue sud de Paris, alors que son père était en train d'achever ses études de médecine. Diplôme en poche, ce dernier décide de s'établir à Bordeaux ; et c'est là que Jean-Roger fera toutes ses études, obtiendra son bac, s'inscrira au Conservatoire d'Art dramatique où il obtiendra le Premier prix de Comédie (en 1938), et fera ses débuts de comédien au sein de la troupe du Trianon-Théâtre. En septembre de la même année, il monte à Paris où il es admis au Conservatoire national, dans la prestigieuse classe de Louis Jouvet. Le rêve de tout apprenti comédien ! Un rêve qui, hélas, ne dure que quelques mois... Mobilisé aux premiers jours de la guerre, il est fait prisonnier en 1940 et passera les deux années suivantes dans un stalag de Silésie. Rapatrié sanitaire - il ne pèse plus que quarante-trois kilos pour un mètre quatre-vingt-cinq - il revient à Paris en décembre 1942. Le soi même de son arrivée, il se rend au Lapin Agile où se produit sa tante : Yvonne Darle. Paul Gérad, le directeur de lieu, le pousse à dire quelques poèmes, et cette prestation improvisée est un succès. Dès lors, disant ses textes ou chantant ses premières chansons en s'accompagnant à la guitare (ce qui est encore rare, à l'époque), Jean-Roger Caussimon sera l'un des plus fidèles habitués du vieux cabaret fréquenté par Mac Orlan, Dorgelès, Carco et toute la bohème montmartroise.
C'est d'ailleurs là qu'en 1947, il fera la connaissance d'un jeune compositeur venu lui demander l'autorisation de mettre en musique un de ses poème entendu à la radio : Léo Ferré. La rencontre est d'importance car, au fil d'une amitié de près de quarante ans, les deux homme écriront ensemble une vingtaine de chansons.
En dehors de ses récitals qui ne lui rapportent guère, Jean-Roger Caussimon vit en vendant ses poèmes dactylographiés au public du Lapin Agile ou des autres boîtes à chansons de la Butte. Sans toutefois oublier son métier premier de comédien. Fin 1944, Charles Dullin l'engage au Théâtre de la Cité ; et, l'année suivante, il entre dans la troupe Grenier-Hussenot. Cette même années 1945, il fait ses débuts au cinéma, en jouant dans François Villon d'André Zwobada (scénario et dialogues de Pierre Mac Orlan), aux côtés de Serge Reggiani et d'un autre débutant, Jean Carnet, avec lequel il restera lié toute sa vie.
Rapidement sa réputation va grandissante, et dès 1948, il tient son premier rôle principal dans la pièce Maître après Dieu, de Jean Hartog, mise en scène par Jean Mercure, avec lequel il travaillera plus de cinq ans. Dans le même temps, il tourne de nombreux films, participe aux premières dramatiques radiophoniques et, bientôt, aux grandes émissions historiques ou de fictions produites pour la télévision naissante. Sans pour autant négliger ses récitals de poèmes et de chansons. Mais, devant la renommée de l'acteur, le poète-chanteur passe un peu au second plan dans l'esprit du public ; et il faudra attendre 1970 pour que justice lui soit pleinement rendue sur ce point, avec la sortie d'un premier album, produit par Pierre Barouh, pour les éditions Saravah. Un disque qui, quelques mois après sa parution, recevra le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.
Citoyen du Monde, Jean-Roger Caussimon s'éteindra en octobre 1985, et ses cendres seront dispersées en mer, au large de Belle-lle.