Monsieur ni-ni

«Ne dites pas à mes amis que je suis réformateur, ils me croient révolutionnaire.» Sous le quinquennat Jospin, la société et l'économie se sont transformées. Profondément. Mais la modernisation menée par le Premier ministre n'a été ni assumée ni achevée. Soumis aux diktats de l'ultra-gauche et souffrant de l'absence d'une véritable droite libérale, Jospin, en politique pur, s'est enfermé dans sa «Left Story» - la gauche plurielle. Calculateur, soucieux d'équilibre, toujours entre deux bornes, «Monsieur Ni-Ni» a mal apprécié les changements profonds du monde.

Depuis le fameux «Ni privatisation ni nationalisation», petite phrase soufflée en 1988 à Mitterrand par Jospin, ce «ni-ni» obsessionnel, omniprésent dans tous ses discours, a aussi guidé sa politique. Il a fait progresser l'économie française. A moitié. Et parfois de travers. A l'heure des choix, ce bilan pèsera lourd.

Avec sa manie du juste milieu, son réformisme masqué, Jospin risque de décevoir les bobos sans séduire les prolos. De mécontenter ceux qui écoutent les mots et ceux qui regardent les faits. Bref, de tout perdre...

Nourri des informations réunies par deux des meilleurs journalistes économiques, truffé de témoignages, de faits inédits, de révélations, ce livre est aussi le document le plus éclairant sur la campagne présidentielle qui s'ouvre.