Montagnards chasseurs d'antan

Vers les cimes

Amoureux des montagnes d'Europe, l'historien et romancier Alfred Michiels (1813-1892) peint avec talent la passion des rudes montagnards pour la chasse au chamois, à l'isard ou au bouquetin. La pauvreté ou l'orgueil ont parfois poussé ces hommes d'autrefois à l'inconscience et au mépris du danger, pour traquer un animal remarquable. Dans un style vif et attachant, Michiels rapporte aussi quelques vieilles légendes des Alpes, où la faune tient toujours le premier rôle.

« Quelquefois les chasseurs, emportés par leur fougue, montent, montent toujours, à la poursuite d'un chamois ou d'un bouquetin, dans l'espoir de trouver un sentier pour les rejoindre. Ils gravissent des pentes si roides, des parois si escarpées, aboutissant à des pics ou à des plates-formes étroites, que, parvenus là-haut, ils ne peuvent descendre, la retraite dans ce cas étant bien plus difficile que l'opération inverse. Il faut donc se laisser mourir de faim sur le morne solitaire, ou essayer un tour de jongleur, avec la presque certitude de ne point réussir. Faire un pas au-delà du piédestal équivaut à se précipiter dans l'abîme. Le supérieur du couvent d'Admont, passionné pour la chasse malgré son état, eut l'imprudence de se laisser ainsi entraîner... »