Mortelle collection

Sénécal tisse une histoire réjouissante, dont il faut cependant reconnaître que la résolution de l'énigme n'est pas le principal intérêt. Tout tient dans la manière dont il enchaîne les péripéties rocambolesques de son héros sans sourciller, en s'arrangeant pour diluer les invraisemblances - assumées -  du récit dans une documentation sans faille (marque de fabrique de Sénécal, dont le travail de fond est toujours formidable.) Ici, il nous fait nous passionner pour le monde étriqué des collectionneurs obsessionnels, et en particulier des monomaniaques de Napoléon Bonaparte, avec un humour léger et irrésistible qui est l'une des clefs majeures de sa réussite. La narration à trois voix, bien équilibrée, n'est pas pour rien non plus dans le plaisir que l'on prend à dévorer ce roman.

Puis il y a les personnages eux-mêmes, caractères principaux ou secondaires tous impeccablement construits, à commencer par le héros malgré lui de cette histoire, l'incroyable Bertrand Cousin qui décide envers et contre tous de mener sa propre enquête. Les événements et les rencontres s'enchaînent avec fluidité, depuis la pitoyable sortie de l'hôpital jusqu'à l'étonnant final en forêt de Fontainebleau, en passant par le cimetière du Père-Lachaise et par une virée hilarante en Australie.

Au bout du compte, Didier Sénécal apporte une preuve supplémentaire qu'il est un auteur trop largement méconnu en France, avec ce nouveau roman bien écrit et documenté, à la fois facile à lire, drôle et intéressant.