Nietzsche (1892-1914)

Fondée en 1829, la Revue des Deux Mondes accueillit sous la-célèbre couverture saumon les écrivains phares du romantisme avant de publier les ténors du libéralisme. Politique, culture, économie, littérature, récits de voyage, rien ne fut étranger à sa curiosité. De ce gisement jusqu'alors confiné dans les bibliothèques, la collection des Trésors retrouvés se propose, sous forme d'anthologies, de faire découvrir au lecteur d'aujourd'hui l'extraordinaire richesse.

Nietzsche au miroir - déformant - de la Belle Epoque, ainsi se présente ce volume thématique, qui rassemble la totalité des articles publiés sur le philosophe, de 1892 à 1914. Si Nietzsche considéra la France comme une seconde patrie spirituelle, les Français ne commencèrent - en dépit de l'estime de Taine, à laquelle le philosophe attacha tant de prix - à le reconnaître qu'au lendemain de la folie qui le frappa. Dans ce processus de reconnaissance, la Revue des Deux Mondes joua un rôle majeur. Signés des grands noms de l'époque, germanistes comme Edouard Schuré et Theodor de Wyzewa, philosophes comme Alfred Fouillée, critiques et écrivains comme Emile Faguet, Camille Bellaigue et Louis Bertrand, un riche ensemble d'articles fit découvrir à un large public aussi bien la personnalité du penseur que les grands thèmes de son œuvre. Entre sympathie et hostilité, les chroniqueurs de la Revue soulignèrent davantage les qualités de l'écrivain que celles du philosophe. Il n'empêche : c'est dans ces études, inaugurant l'extraordinaire essor de l'œuvre de Nietzsche, que la plupart des grands mythes autour de la pensée nietzschéenne trouvèrent leur origine. D'où le triple intérêt qu'il offre pour le lecteur : historique, philosophique et même dramatique, dans la mesure où le penseur le plus connu de cette fin de siècle ne put savourer cette reconnaissance à laquelle il avait tant aspiré.