Nos ancêtres les Alamans

Que n'a-t-on écrit de bêtises malveillantes sur nos ancêtres Alamans qui sont placés au centre de ce livre : barbares d'une cruauté bestiale... L'historiographie française ne témoigne que mépris pour ces « tombeurs » de la civilisation romaine, de laquelle la France se veut l'héritière. Du coup, les débuts historiques de l'Alsace, marqués par l'arrivée des Alamans, sont « oubliés » (sauf la bataille de Tolbiac). La sympathie des historiens nationalistes français glorifie l'occupation romaine, plus compatible avec le roman national et la latinité du pays. Cette latinophilie nie donc nos racines germaniques.

Cette version manichéenne de l'histoire : civilisation latine inégalable contre barbarie germanique répulsive, condamne nos ancêtres alamans à rester les laissés-pour-compte de notre histoire régionale. Les occupants romains sont portés aux nues, mais jamais nos ancêtres alamans ne sont honorés. Aujourd'hui, les jeunes Alsaciens savent tout des Romains, mais rien de leurs ancêtres et des pages fondatrices de notre histoire : dans toute l'Alsace, il n'y a ni Musée des Alamans, ni Institut alémanique comme chez nos voisins badois ! Et à l'université, on ne trouve rien sur le sujet.

L'auteur a voulu remettre à l'honneur l'épopée de ce peuple méconnu et le formidable héritage qu'il a légué à l'Alsace, à commencer par sa langue et sa germanité. Son ambition : casser les clichés et redonner la vérité au récit historique couvrant cette période mal-aimée des historiens français qui va du IV^e au XIII^e siècle. Durant ces neuf siècles d'une incroyable richesse, s'est ébauchée la civilisation alsacienne qui finira par rayonner sur le Saint Empire dont l'Alsace sera longtemps la clé de voûte : ce sont les siècles fondateurs de l'identité alsacienne !