Première complainte

Janvier 1915. Le lieutenant de gendarmerie Roland Vialatte est envoyé en pleine Champagne pouilleuse, épicentre des guerres de tranchées, pour attraper un tueur en série qui s’attaque à des femmes, et les abandonne sur le front en laissant sur leur cadavre une lettre d’adieu. Guidé dans ce bourbier par un caporal à la tête d’ ”Apaches”, (jeunes délinquants qui ont échangé quelques années de prison contre les tranchées), mais considéré comme un “planqué” par les poilus puisqu’il n’était jamais monté au front, ce gendarme militant catholique, humaniste et progressiste, se retrouve alors aux prises avec la guerre dans toute son horreur.

Avec cette histoire de guerre, Kris (scénariste d’ Un Homme Est Mort dessiné par Etienne Davodeau et qui a été plébiscité par la critique et les lecteurs ) a voulu montrer comment un homme “lettré” réagissait face à la barbarie, ce qui changeait en lui et comment il pouvait, après un événement d’une telle insanité, s’en sortir. Quant au dessin aux couleurs pastel et à la fois puissant et éthéré de Maël (jeune dessinateur déjà remarqué pour Les Rêves de Milton et l’Encre Du Passé chez Aire Libre), il donne parfaitement vie à des personnages atypiques, et met en évidence la violence et l’horreur des combats. Si cette guerre devait être « la der des ders », elle restera dans l’histoire de l’humanité rien de moins que « la mère de toutes les guerres ».