Nouvelles Chines, nouveaux cinémas

1984, date de naissance donnée par l'auteur au renouveau du cinéma chinois, est l'année des accords sino-britanniques qui vont aboutir au rattachement de Hong Kong à la Chine.

Sur la plaine aride du Shaanxi, Chen Kaige tourne son premier film, Terre jaune ; avec son chef-opérateur Zhang Yimou, ils vont sortir le cinéma chinois de la torpeur où l'avait plongé l'académisme de la Révolution Culturelle.

A Hong Kong, le réalisateur Tsui Hark, «mauvais garçon» de l'industrie du cinéma, fonde sa propre société, The Film Workshop, qui lui permettra de produire Histoire de fantômes chinois ou Le Syndicat du crime.

A Taiwan, une collaboration inédite entre la star Sylvia Chang, le studio d'Etat et l'ancien ingénieur électronicien Edward Yang produit Ce jour-là sur la plage, premier des films du mouvement de la «Nouvelle Vague taiwanaise».

Dans les trois Chines, les choses bougent, la société change, de nouvelles écritures cinématographiques émergent. Tout en demeurant «très chinois» (encore que la sinité n'ait sans doute pas le même sens à X'ian qu'à Hong Kong ou Taipei), ces nouveaux cinémas concernent aujourd'hui l'évolution du cinéma mondial.

Sans négliger les influences de la culture traditionnelle chinoise, Berénice Reynaud propose une vision dénuée de tout exotisme. Là se situe l'enjeu de l'ouvrage : les films de Chen Kaige ou de Tian Zhuangzhuang (Chine populaire), de Wong Kar-wai, John Woo, An Hui (Hong Kong), de Hou Hsiao-hsien et d'Edward Yang (Taiwan) sont désormais plus proches du spectateur occidental, la richesse de leurs thématiques et leurs audaces formelles lui sont désormais plus familières.