Le soldat nu

Le soldat nu

Couple singulier que celui formé de Bernard et de sa femme Elisa, dans une propriété solitaire de la côte bretonne.

Tandis que s'anéantit pour Bernard, officier de retour d'Algérie, frappé par la raison d'État, l'image si haute de l'Armée, avec laquelle il faisait corps, voici que s'impose à côté de lui, obsédante, envahissante, la présence de Philippe, jeune soldat parachutiste qui a dû suivre son chef après les « événements ».

Cette présence intruse accapare Bernard, commande à chacun de ses mouvements ; elle rend Élisa Delaunay de plus en plus inquiète, jalouse, tendue. Pourtant, jamais passion ne fut moins romantique et le combat sourd qui se livre entre Bernard et Élisa n'ira pas jusqu'à l'humiliation d'un des partenaires. Car, pour Bernard, ce temps fort de son être, de son désir, est aussi celui d'un mensonge social. Élisa Delaunay attend son heure, le retour à la vie quotidienne.

L'apparence sera sauve, et l'élégance bourgeoise de la renonciation. À moins qu'au-delà de ce tumulte des sens, une blessure autre et plus profonde ne subsiste, que nous suggère ce nouveau texte d'Yves Kerruel, fait de notations fines, d'ellipses et de dialogues fugués, où la tension finale de l'écriture semble accompagner l'expression d'une espèce de fureur janséniste subtilement déviée.

Réédition du roman publié en 1974, suivi des pages du Journal littéraire.