Fiche technique
Format : Broché sous jaquette
Nb de pages : 303 pages
Poids : 460 g
Dimensions : 16cm X 23cm
EAN : 9782729115630
Fictions, 1991-2004
Quatrième de couverture
Une vocation tardive n'est pas une grâce accordée à tout le monde. Il faut bien des réserves d'expérience et de talent pour, dans l'âge mûr, changer de registre. Cela suppose une grande lucidité sur soi-même, bien sûr. Mais aussi du répondant, cette puissance qui permet le second souffle. À Philippe Jones est advenue cette aventure providentielle. Il aurait pu poursuivre dans des trajectoires qu'il maîtrisait, qu'il s'agisse de la critique d'art, qu'il pratiquait et pratique toujours en essayiste, ou de la poésie dont il est l'une des grandes voix contemporaines en langue française. Il aurait pu tabler sur l'acquis. Il a décidé d'opter pour l'inconnu. C'est ainsi que s'est révélé un étonnant conteur.
Le terme est vague, délibérément. Parce que Jones a préféré appeler «récits» ces proses narratives qu'il a commencé de publier en 1991. En réalité, ces textes ne s'inscrivent que malaisément dans une catégorie connue. Jones innove lorsqu'il écrit ce qu'il réunira à l'enseigne de L'Embranchement des heures, son recueil inaugural. Il ne pouvait faire autrement, en raison de ses antécédents d'observateur sagace des phénomènes plastiques et de poète qui, lorsqu'il accomplit ce pas décisif, avait déjà été un célébrant de la poésie depuis presque un demi-siècle.
Ces deux vastes espaces devenus si familiers ont influé sur la nouvelle vocation de l'écrivain. Son don presque extra-lucide de décoder les messages visuels n'est pas seulement un des éléments de sa démarche, il la détermine prioritairement. Son rapport exigeant au langage, qui a fait de lui un poète à l'économie très rigoureuse, se retrouve dans la préférence gardée à la forme brève. La principale innovation réside dans l'histoire qui se devine derrière chacun de ces textes. Car Jones ne nous la déroule pas de façon linéaire. Il est trop aguerri à l'art de l'ellipse pour cela, et a gardé de l'enseignement des peintres la conviction qu'on ne capture jamais le réel que dans un cadre. De ces deux savoirs, il tire un art qu'il ne doit à personne, parce qu'il est tout entier inscrit dans ce qui a été son itinéraire éminemment singulier.
Jacques de Decker