Oeuvres romanesques. Vol. 3

La reconnaissance littéraire officielle conférée par l'attribution du prix Goncourt 1920 à Nêne fait entrer Ernest Pérochon dans le cercle fermé des grands romanciers de son temps. Si cette histoire tragique «d'un coeur simple», d'une pauvre fille de ferme poitevine, toute dévouée aux enfants de son maître, met en exergue la bonté d'âme des femmes de la terre, elle doit être lue en miroir avec les trois romans de la saga de la famille des Mazureau que le lecteur suit à travers La parcelle 32, Bernard l'ours et la torpédo-camionnette et L'eau courante. Chez eux, la rudesse des sentiments n'a d'égal que le courage face à l'adversité ; la force physique est tout entière employée à l'acharnement au travail. Pourtant, derrière cette façade apparemment sans faille, la réalité intime dépeinte par Ernest Pérochon laisse poindre les doutes et les menaces de cette époque en pleine mutation que furent les lendemains de la Grande Guerre.