Ouvrez la cage aux perdrix

Ouvrez la cage aux perdrix

Afghanistan ! Encore et toujours !

Depuis ce jour de printemps 1968 où j'ai atterri sur la terre d'Afghanistan - » j'allais avoir trente ans et mes premiers affaissements » - la nuit, le jour, je suis accompagné par des images de terre rêche, tremblante, de barbes ondoyantes, coupées au couteau, de froufroutements bleus, délavés, fuyant le fouet, de sourires d'enfants incroyablement démesurés. Dans le Dromadaire a pétrole déjà, je cherchais les mots pour le dire. En 2003, les talibans en fuite me laissaient retrouver les espoirs de Môla Nasrodine. En 2004, j'ai arpenté les rues poussiéreuses et cabossées de Kaboul, j'ai écouté les joueurs de rebab dans les ruines, évité les limousines des nouveaux riches, croisé les patrouilles d'un autre monde avec jimmy le Texan ; j'ai fui les suppliques des mendiants, des enfants en haillons qui s'accrochaient à mon sac de provision. En 2006, dans Ouvrez la cage aux perdrix, j'ai aussi retrouvé tous ceux qui gardaient espoir et travaillaient dur pour survivre et chanter encore dans les fêtes de la vie mais j'ai aussi cru entendre, sortant de la nuit, des battements d'ailes au-dessus des femmes, des cris d'hommes déchaînés sur l'aire aux perdrix...

Afghanistan ! Afghanistan d'encore et de toujours, je voudrais tant me taire et n'écouter que les rires d'enfants, le grondement du torrent et la voix des femmes dans les jardins ouverts.