Paris, 1942

«Ce matin-là, nul bruit, pas le moindre chuchotement. Aucune odeur n'arrive de la cuisine. Personne n'a préparé le petit déjeuner. Le jour se lève. Le ciel est bleu comme une fête. Les hirondelles n'ont pas changé leurs habitudes et tournoient dans le vaste espace qui s'étend devant nos fenêtres. Nous nous regardons, ma sœur et moi, encore hébétés, seuls rescapés de l'opération de guerre qui s'est déroulée ici, au troisième étage d'une habitation. Il n'y a rien à dire, ou presque rien. Ni lendemain à envisager.»

1942, Maurice Rajsfus a quatorze ans. Il lui faut subir le port obligatoire de l'étoile jaune, avec toutes les interdictions qui l'accompagnent. Et surtout la rafle du Vel d'Hiv du 16 juillet, qui lui enlève ses parents qu'il ne reverra jamais. Il faut désormais vivre au ralenti, s'économiser, se cacher, résister au désespoir malgré les privations et les humiliations quotidiennes.

Avec simplicité, humour et émotion, Maurice Rajsfus raconte son apprentissage chez un joaillier, ses flâneries dans la ville occupée, ses mésaventures de chaque jour. Et il pourfend le zèle d'une police française aux ordres des nazis tout comme l'indifférence criminelle d'une population apeurée, pour qui l'étranger, toujours, est le paria.