Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 63 pages
Poids : 200 g
Dimensions : 16cm X 22cm
EAN : 9782952398749
Quatrième de couverture
Je viens du sud.
J'ai pris la route pour l'Italie. On est arrivé au bord de la mer, l'Adriatique, dans le zodiac. On est arrivé le soir. Là, tu te fais attraper par la gardia di finanza, la police du port. Le mec, il nous dépose pas les pieds sur terre, il nous jette à l'eau.
Les flics commencent à arriver... Il te dit de sauter, et si tu ne sautes pas, il te jette. Il a la, la kalache, il dit: «Tu sautes ou je te fais sauter!» C'est vrai!
Moi j'étais dans l'eau. J'ai perdu mes habits. Je suis arrivé sur le bord, je suis parti dans la forêt. J'ai filé. Et j'ai... marché, marché, marché, marché, mouillé... Quand j'étais un peu mal, j'ai dormi dans une forêt entre deux petites villes, j'ai dormi comme ça, à l'arrache. Les habits ont séché. J'étais tranquille. Le lendemain, j'ai fait un peu la manche et j'ai continué.
Bon. Voilà. C'est parti comme ça!
Il fallait bien que je teste.
Au-delà des rumeurs et des caricatures médiatiques, on sait peu de choses sur la trajectoire des jeunes errants, sur leur origine, les raisons de leur départ et les pays traversés. Marocains, Algériens, Chinois, Albanais ou Roumains, une fois arrivés dans le pays d'accueil tous se trouvent en situation de débrouille et développent des compétence dans la survie. Les mineurs étrangers traversent les frontières et les codes sociaux, mais leur parole reste invisible.
Cet ouvrage, dont la méthodologie s'inspire directement de la démarche ethnographique, mémorise ces parcours, afin d'en laisser trace. Il puise sa matière dans la rencontre, l'écoute et l'oralité directe.
Il ne s'inscrit pas dans l'ordre du documentaire social ou dans celui d'un quelconque misérabilisme dénonciateur; à l'inverse, il fait le pari du conte d'aventure et du langage poétique en se concentrant essentiellement sur les voyages entrepris par les enfants et le passage entre plusieurs langues.