Pauvres duchesses

Pauvres Duchesses

L'envers du décor à la cour de Lorraine

Les duchesses de Lorraine sont les grandes oubliées de l'histoire. Qui connaît Claude de France, la petite épouse du grand duc Charles III ? Tuberculeuse et scoliotique, elle est morte d'épuisement à 27 ans, au décours d'un huitième accouchement. Qui connaît Isabelle, veuve de Thiébaut II, dont le fils ingrat Ferri IV refuse de payer les « frais funéraux » ? De 1047 à 1747, trente-trois jeunes femmes ont été choisies pour de bas calculs politiques, en Flandre, Bavière, Saxe, Bade-Wurtemberg, et plus tard en France. Elles deviennent duchesses de Lorraine. Les unes, avides de pouvoir comblées par un rôle de régente, orgueilleuses, conscientes de leur rang et fières de leur titre de reine, grandes multipares ou incapables de donner un héritier au duc. Les autres, épouses humiliées, répudiées, grandes mystiques ou excommuniées. Pour tenter dé les comprendre, il fallait les replacer dans les événements vécus au jour le jour, contempler leurs portraits, essayer d'y trouver leur âme malgré les « pinceaux flatteurs » des peintres qui devaient estomper le disgracieux prognathisme des descendantes des Habsbourg. Souvent malades, mais bénéficiant d'un statut privilégié, protégées des épidémies et des famines, elles atteignent la durée de vie moyenne de 51 ans alors que leurs contemporaines meurent dans la trentaine. Ce qui ne les empêche pas d'avoir toutes été bien malheureuses.