Peindre la lumière

Philippe Garouste de Clauzade est arrivé un beau jour en Provence, au pied de cette masse calcaire issue des amours géologiques de la terre et de la mer : le Luberon... Un grand navire qui vogue tous feux éteints avec ses cargaisons de terres légères et friables, compactes et brillantes, avec ses strates de marnes et de calcaires dans lesquelles dorment encore aujourd'hui les rêves fossilisés de la mer. Argiles et quartz, marnes fardées de bleu, des terres dans la terre où bouillonne la vie... Les arbres y vivent en liberté ; les racines des chênes y broient la pierre et, vogue le navire...

Comme Rousseau, il ne voyage pas, il se voyage... Traquer la lumière, en saisir l'énergie, trouver le lien nécessaire à l'échange dynamique et créatif entre l'imagination débordante et le foisonnement permanent de la matière ! Voleur de feu, il parie sur l'instinct, le hasard, l'aventure. Il retrouve ce mouvement qui le relie à l'infiniment petit et à l'infiniment grand. Énigmes et mystères le sollicitent et l'entraînent vers l'origine insaisissable d'un Univers toujours en création.

Il est errance qui chemine, se transforme et révèle à chaque pas une « réalité » inattendue. « Il faut apprendre à désapprendre - dit-il - la vie grouille, essaime à profusion des itinéraires différents pour la mémoire ».

Sur le pont du navire, capitaine d'un rêve et d'une réalité, il assume le voyage au long cours d'une liberté qui se cherche. Ses gestes transcrivent et témoignent de la vie. Il écoute grésiller les étoiles, pénètre la force du Mistral et mêle la couleur de son univers aux gouttes de rosée que la nuit dépose sur le calcaire. Il partage les humbles terres rouges qui plongent dans le bleu de la mer.

Le Luberon médite, la matière prend forme. Sur la toile Philippe chorégraphie l'espace et le temps qui restituent aux hommes l'écho d'une origine !