Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 287 pages
Poids : 388 g
Dimensions : 15cm X 20cm
EAN : 9782852265479
Peindre les idées
de la Grande-Bretagne à l'Europe au XVIIIe siècle
Quatrième de couverture
Peut-on peindre les idées? Quels sont les rapports entre l'idéologie d'une époque et ses productions picturales? Les idées forgées par une époque peuvent-elles se lire à la surface des toiles de ses peintres et inversement, est-il possible en partant des idées philosophiques de comprendre le fonctionnement esthétique de la peinture en mélangeant les genres? La période des Lumières européennes permet de proposer un certain nombre de réponses à ces questions, car l'art qu'elle produit s'expose comme une sorte de paradigme du fonctionnement de la peinture comme représentation des représentations. A travers l'art travaillé par les idées, un accès privilégié est ainsi donné à la vision qu'une époque porte sur elle-même et sur le monde qu'elle se représente.
Depuis les racines de la peinture des Lumières européennes dans le baroque et le classicisme, jusqu'au triomphe des courants auxquels elle aura donné naissance, comme le néoclassicisme ou le romantisme, sans négliger le rococo hédoniste trop longtemps méprisé, c'est au plaisir d'un parcours esthétique et idéologique que cet ouvrage convie le lecteur, avec pour ambition première de l'aider à retrouver quelque chose du climat de la représentation intime forgée par une époque passionnante.
Parmi les fondements de cet "air du temps" du monde du XVIIIe siècle européen, l'impact de la pensée britannique se révèle central, au point que peu d'aspects des divers mouvements intellectuels et artistiques du siècle échappent à son influence. Outre le fait que tous les penseurs importants du temps se déclarent plus ou moins ouvertement comme des disciples du grand John Locke, le père fondateur du sensualisme philosophique, la pensée d'outre-Manche ne cesse de modifier les paramètres de la représentation du monde, d'abord en élaborant une épistémologie qui met la représentation au premier plan des processus cognitifs.
Une telle inclinaison des conceptions de la philosophie en direction des préoccupations, et même de la raison d'être de la peinture figurative, est dénature à favoriser une rencontre que les réflexions et les pratiques des peintres préparaient depuis deux siècles.
Cette rencontre entre pensée abstraite et technique picturale fournit une bonne part des arguments de ce livre. Elle permet d'évaluer l'impact des idées du sensualisme britannique sur l'ensemble de la peinture de l'Europe, notamment en France, où une manière sensualiste, sensuelle et hédoniste illustre, sous le pinceau de Fragonard, de Chardin ou de Boucher, une nouvelle manière de voir qu'elle tient à la fois de Locke, au fil de la pénétration de ses idées dans la représentation de l'époque, et de la tradition picturale vénitenne.
De la philosophie du plaisir au plaisir d'une philosophie mise en peinture, le lecteur est invité à une promenade dans le jardin britannique des idées du siècle des Lumières telles que les peintres d'Angleterre, de France ou d'ailleurs les traduisent et les modèlent sur leurs toiles. Au-delà, il pourra contempler de plus près les transformations et les processus par lesquels la spécificité d'un regard "moderne" sur les choses, qui est encore le nôtre à bien des égards, a pris naissance.