Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 352 pages
Poids : 686 g
Dimensions : 17cm X 24cm
ISBN : 978-2-84137-434-2
EAN : 9782841374342
Penser les humains à travers les plantes
métaphores botaniques du corps et de la parenté dans la poésie grecque archaïque et classique
Quatrième de couverture
De l'Iliade et l'Odyssée jusqu'à la tragédie attique, les textes poétiques grecs de l'époque archaïque et classique ont souvent eu recours à des métaphores décrivant la vie humaine à travers le monde des plantes. Certaines de ces images - par exemple, la fleur comme métaphore de la jeunesse ou de la beauté - sont si fréquentes qu'on est tenté d'y voir de simples clichés, d'autant plus qu'à travers la poésie latine, puis médiévale, elles sont entrées dans le langage commun des littératures européennes. D'autres, toutefois, continuent d'interroger les commentateurs : pourquoi les larmes des héros homériques sont-elles dites « florissantes » ? Que veut dire au juste le vers de Sappho « je suis plus verte que l'herbe » ? En quel sens le héraut de l'Agamemnon d'Eschyle annonce-t-il avoir vu la mer Égée « fleurir de cadavres » ?
Le double caractère, familier et dépaysant, des métaphores botaniques grecques est au centre de cet ouvrage. En reconstruisant les pans de l'encyclopédie culturelle grecque qui donnaient un sens à ces images, cette étude retrouve une manière particulière, propre à la poésie grecque archaïque et classique, d'envisager le règne végétal. Les textes poétiques mettent en exergue les modifications qui s'opèrent sur la sève des plantes, les qualités sensorielles de la végétation, la relation complexe entre la plante et ses parties. Cette « botanique sauvage » de la poésie archaïque et classique a servi à construire de nombreuses métaphores, concernant le rôle des humeurs dans la vie des êtres humains, le passage entre les âges, les modifications de l'aspect visible d'une personne, l'alternance de la santé et de la maladie, le surgissement des émotions, mais aussi les relations entre les enfants et leurs parents, entre les descendants d'un lignage et leurs ancêtres ou entre une société et le territoire qu'elle occupe.
S'inspirant à la fois de la théorie cognitive de la métaphore et des approches anthropologiques des textes anciens, ce livre défend l'idée que les images végétales des textes grecs participent à la construction de véritables modèles culturels, c'est-à-dire des schémas de la pensée qui utilisent le savoir botanique pour bâtir des représentations partagées du fonctionnement du corps humain et des rapports de parenté. De tels modèles sont d'ailleurs bien attestés au-delà des frontières, poreuses, de la poésie archaïque et classique. Ils trouvent leur place en philosophie et en médecine, dans des représentations religieuses et des spéculations étymologiques, et peuvent même fournir le fil de récits répétés tout au long de l'Antiquité grecque et romaine. En définitive, les métaphores botaniques grecques témoignent d'une manière, propre à la culture grecque antique, de « penser les humains à travers les plantes ».