Philippe Desportes, 1546-1606

Dans la profusion d'études qui brouillent le panorama des lettres françaises du XVI^e siècle, donnant, sans souci des perspectives, de l'importance à des aspects marginaux selon les catégories de l'époque, il convient de rappeler la juste place de Desportes, occultée par une tradition critique plus sévère pour l'homme qu'attentive à l'œuvre. Le poète des Premières Œuvres et de la traduction des Psaumes n'est pas un minor et il a occupé pendant quarante ans le premier rang que tous ses contemporains lui reconnaissaient, celui d'ordonnateur du Parnasse français à défaut d'en être le prince incontesté.

Les études réunies dans ce volume ne suivent aucun dessein apologétique, mais apportent une ample moisson de documents inédits et d'interprétations nouvelles. Elles proviennent d'une curiosité partagée à l'égard d'un poète et d'un homme d'influence, confirment l'importance de Desportes dans la vie politique et savante de son temps, son rôle central dans l'évolution de la poésie française ; elles cherchent surtout à répondre à la perplexité que suscitent le mystère de sa poétique, la «naïveté», la «douceur» et la musicalité d'une œuvre peut-être devenue illisible à force de clarté et de goût.