Philosophie politique et état de la démocratie

Philosophie politique et état de la démocratie

Comment (re)poser aujourd'hui la question de la philosophie politique ? Contre ceux. qui prônent la restauration d'une discipline académique négligée, dans la continuité d'une réhabilitation du droit et de la philosophie morale, la philosophie vivante, en ce tournant du siècle, oppose la nécessité de penser le retour des choses politiques et l'état de la démocratie. Trois positions forment ici la matière des controverses déployées dans ce champ agonistique - en Argentine et en France et d'une rive à l'autre de l'Atlantique : 1) la revendication d'une science politique critique ou critico-utopique centrée sur le concept d'émancipation, ressaisie par l'énigme du politique telle qu'elle se formule chez Spinoza, après La Boétie : pourquoi les hommes combattent-ils pour leur servitude comme s'il s'agissait de leur salut ? 2) l'invalidation de toute philosophie politique (comme) vouée à faire du philosophe le penseur de la politique réelle en la soumettant aux exigences de l'éthique, quand la politique est elle-même, dans son être, une pensée ; 3) l'interrogation sur l'existence même de la philosophie politique, sous condition de la révélation du scandale d'une démocratie qui ne s'identifierait jamais à une forme juridico-étatique, et ne serait autre chose que cette condition paradoxale de la politique qui noue la contingence inégalitaire à la contingence égalitaire qui la sous-tend.