Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 279 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782503523408
Quatrième de couverture
On ne peut que se réjouir de constater que l'oeuvre de Pierre Bayle (1647-1706), aussi foisonnante et complexe soit-elle, fait aujourd'hui l'objet d'un regain d'intérêt. Même s'ils ont sollicité la pensée du philosophe de Rotterdam en lui faisant parfois endosser des thèses qui n'étaient pas les siennes, les écrivains des Lumières ne s'y étaient pas trompés, qui reconnaissaient en lui l'un de leurs principaux devanciers - et donc un fondateur de la «modernité» dont nous avons hérité. Mais Bayle n'est pas qu'un «philosophe» au sens courant et un peu scolaire que ce terme a revêtu. S'il défend résolument le périmètre d'une raison émancipée de la tutelle théologique, s'il plonge avec délices dans les arcanes de la métaphysique et se passionne pour les concepts, il est trop curieux de tout pour confiner sa réflexion au seul champ de cette discipline. Bayle est aussi un amateur d'histoire, antique ou moderne, soucieux de comprendre l'humanité à travers ce qu'elle accomplit, son organisation socio-politique, ses représentations et ses systèmes de croyance. Journaliste, il se veut passeur d'idées et chroniqueur de son temps. Porté par tempérament à la critique, il se montre sans cesse à l'affût des failles logiques des systèmes de pensée et de conviction, attentif aux contradictions entre le discours et l'action. Révolté par l'injustice et révulsé par l'hypocrisie, il dénonce les accommodements de ceux qui prétendent adapter ou soumettre les exigences morales - notamment celles de l'évangile chrétien - à leurs intérêts présents.
L'ensemble des études réunies ici, dont deux sont inédites, rend compte de certains aspects de cette pensée qui préfère toujours les questions aux réponses. On y trouvera des enquêtes qui soulignent l'importance qu'ont eue ses oeuvres de jeunesse pour l'élaboration de sa pensée ; le rôle d'animateur de la République des Lettres qu'il a joué au Refuge huguenot ; le poids de ses convictions politiques dans son positionnement face à la révocation de l'édit de Nantes ou à la Glorieuse Révolution ; et quelques-unes des convictions fondamentales en faveur desquelles il s'est battu toute sa vie, comme la liberté de conscience, de pensée et d'expression. Sa pensée est toujours en prise avec les défis de son époque : défis éthiques et civiques en particulier, qui, faute d'être relevés, condamnent les peuples à être les marionnettes des clercs ou des puissants. Les hommes étant portés à se conformer aux injonctions de ceux qui crient le plus fort, il faut leur apprendre à s'émanciper des tutelles qui les empêchent d'examiner les faits ou les discours par eux-mêmes. Nul doute que cet effort, auquel Bayle ne cesse d'appeler ses contemporains et ses lecteurs, mobilisa son énergie jusqu'à son dernier souffle. En un temps où la question théologico-politique se pose avec une acuité renouvelée et à l'échelle mondiale, il vaut la peine de le relire et de découvrir la surprenante actualité de ses réflexions.