Fiche technique
Format : Broché
Poids : 600 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 978-2-913406-73-5
EAN : 9782913406735
Plaisir, souffrance et sublimation
Quatrième de couverture
Arts, littérature et langage du corps
L'histoire des hommes se confond avec celle de leurs rapports à la technique. On a souvent traduit cette proximité ambivalente par des représentations qui l'exprimaient soit en termes prométhéens soit à partir d'une vision « catastrophiste », souvent réactionnaire, de l'Histoire. Dans tous les cas, le dualisme de la pensée occidentale, depuis Platon et sa défiance à l'endroit du corps décrit comme la « prison de l'âme » (Phédon), et en passant par Descartes et son Traité de l'homme, a induit une vision de l'humain empruntant au modèle de l'enveloppe (on dirait aujourd'hui du packaging) et de la mécanique. Cette dichotomie a conduit à considérer les hommes concrets, certes distingués des « animaux-machines », comme relevant d'un appareillage hybride associant la sensibilité et l'intellection au « machinique ». En ce début du XXIe siècle, avec le développement des biotechnologies et de l'intelligence artificielle, beaucoup se demandent si l'avenir de l'humanité n'est pas nécessairement bionique et si le cyborg n'est pas en passe de supplanter l'homo sapiens sapiens. Les travaux et les débats du Colloque international Plaisir, souffrance et sublimation suggèrent qu'il ne suffit pas d'opposer le désir au règne de la technique et à l'ordre du monde car l'économie libidinale n'échappe pas au cyclique et à la répétition. La revendication du plaisir et du jouir, le refus voire le déni de la souffrance, l'aspiration à la sublimation n'auront jamais assez d'efficacité pour libérer les individus de dispositifs sociaux participant de « machines célibataires », c'est-à-dire de systèmes fonctionnant par, pour et en eux-mêmes. Pour tenter d'échapper à l'intégration et à la soumission aux flux communicationnels et pour résister à la tendance de réduire le vivant à l'état de « prothèse », il convient d'agir et de vivre en tant que sujets véritablement humains, ce qui implique de se penser enfin comme des « machines désirantes ».
Jean-Michel Devésa