Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 246 pages
Poids : 410 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-8111-0346-0
EAN : 9782811103460
Politique et émigration irrégulière en Afrique
enjeux d'une débrouille par temps de crise
Quatrième de couverture
Ce livre est le résultat d'une longue recherche de sociologie politique sur les origines et les enjeux africains de l'émigration «irrégulière» vers l'Europe. L'ouvrage s'interroge en ouverture sur les procédés d'enquêtes, et notamment ceux des théories globales et économiques, peu au fait des questions de politique africaine. L'étude prend en «situation» les figures d'émigrants «irréguliers», l'économie de la défection (exit option), et part des faits sociaux qui interviennent dans la construction de la volonté de partir. L'émigration «irrégulière» est l'un des marqueurs du changement qui opère partout en Afrique depuis l'irruption de la tutelle financière multilatérale et la libéralisation politique, deux facteurs de crise pour le modèle néo-patrimonial de l'État africain, très résistant au changement.
A travers l'exemple du Cameroun, on voit comment l'imaginaire et l'économie matérielle des départs et des destinations se greffent sur cette crise, qui crée de nouveaux termes de la dualisation sociale et élargit la pauvreté aux classes moyennes en modifiant les termes des rapports de l'État à la société. Dans cette conjoncture qui confine à l'intégration sociale au rabais, l'émigration «irrégulière» est une riposte à la crise de l'État africain et une modification, par le bas, des attentes, des lieux et des ententes de la domination (post)coloniale. Elle montre à l'oeuvre, par-delà les déclassés sociaux en quête de salut, un État-rhizome africain qui n'a pas fini de complexifier ses ramifications, de s'adapter aux temps de pauvreté et d'inventer de nouvelles modalités de sa légitimation.
Circuit de la débrouille parmi d'autres, l'émigration «irrégulière» pose la question de la gouvernabilité des sociétés africaines contemporaines et incite à réexaminer certaines pratiques à nouveaux frais : corruption, clientélisme politique, insubordination à l'«ordre qui vient d'en haut», promotion des cadets, etc. L'enquête montre aussi qu'à travers l'analyse de l'urbanisation du pouvoir et de la pauvreté, se pose la question de la sociogenèse de la fascination réelle ou supposée des Africains pour une Europe inscrite dans la subjectivité des colonisés comme «pays de cocagne», et cela par l'invention de plusieurs dispositifs de la violence, en l'occurrence la ville (post)coloniale.