Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 141 pages
Poids : 140 g
Dimensions : 12cm X 19cm
ISBN : 978-2-07-014062-6
EAN : 9782070140626
Les libraires en parlent
Une voix inconnue, mâle assurément, arpente une ville tropicale, Cuba peut être, et se vautre dans des chairs portant des noms de gitons - Jessie Diego Elena.
Le récit, en une centaine de courts paragraphes, abandonne le lecteur ivre de matières et de fluides. Laissez l’un d’eux vous caresser l’hampe de l’âme, et se dévoile l’insulaire beauté de l’œuvre. Chacun est île de sensations brutes, qu’isole et tient ensemble un océan d’évocations. Del Amo fait de ses corps, qu’il chérie de sa langue collée à leurs dermes, des membranes poreuses que traversent les sexes, les dieux, les lames, les mouches et leur ponte.
Cette perméabilité de la langue, qui permet à un mot de traduire plusieurs surfaces du réel, Del Amo la pousse, jusqu’à l’absolu. La ville devient l’espace où on ne peut qu’arriver, d’où on ne peut repartir, si l’on veut survivre. Dans ce double huis clos, tout devient béant, masse de formes qui s’amalgament par delà même la mort.
A la racine d’un manguier, on encule une adolescente aux fesses brunes, à la motte glabre ; sous un néon sèche la semence jaune et lourde d’un mulâtre, au coin des lèvres d’un Hollandais. Récit difficile, il impose au lecteur la même discipline qu’aux putains qui l’émaillent : une maitrise de son corps, et de mise à distance, pour mieux se laisser pénétrer, devenir maître des mouvements de langue répété de l’auteur.
Celle de Del Amo n’est pas sensuelle. Elle est collée à sa ville, qu’elle lèche sans s’en détacher, finit par revenir plusieurs fois dans les quartiers de ces phrases. Jouissant d’un vers de Rimbaud « Il a deux trous rouges au coté droit », qu’il fiche dans la peau de ces gitons, où se troublant d’un enfant devenu chien redevenu enfant, c’est par à coup que l’œuvre opère. La voix devient la mue d’un corps dont on ne sait rien, si ce n’est son sexe et ses squames.
Reste au lecteur à se glisser dans cet abyme fragile, laissé béant pour lui.
Grande écriture (graphia) de la matière exploité (porno).
Chronique que je signe au nom de notre super étudiant qui nous aide de temps en temps : Simon Serna
Quatrième de couverture
Pornographia
« À la tombée de la nuit, je marche vers l'océan, longeant les murs parmi les ombres dans un grand silence. Je respire un effluve tenace, une essence aux notes d'abattis, de fleur pourrissante, un remugle charnel et végétal, mais je ne peux déterminer s'il émane de mon haleine ou de la ville, puisque je marche à cette heure où les murs suent et exhalent un long soupir. »
Après Une éducation libertine (2008) et Le sel (2010), on retrouve avec Pornographia, récit d'une errance hallucinée dans la nuit d'une ville tropicale, l'univers sensuel et violent de Jean-Baptiste Del Amo.