Pour une littérature savante

Le projet du colloque partait du constat qu'il n'existe pas de catégorie littéraire qui prenne en compte des types d'écritures tournées vers l'acquisition, l'application, l'exploration, la transmission ou l'exposition de savoirs. Cependant, au regard de l'histoire littéraire, et surtout d'un engagement prononcé de l'écriture contemporaine, l'idée de "littérature savante" impose sa réalité sans pour autant présenter de définition précise. Il s'agissait donc d'interroger des œuvres, auteurs, genres ou notions qui cernent cette réalité d'hier comme d'aujourd'hui, afin de l'identifier dans l'étendue de sa pluralité. D'emblée, l'expression de "littérature savante" offrait une double entrée: la littérature comme savoir, qui suppose des implications épistémologiques et cognitives, et le savoir comme littérature, dont les intentions esthétiques supposent un style, une forme ou un support narratif. Problématique est ce type de littérature, car dans l'interaction des savoirs et des fictions, comme dans l'imbrication d'une théorie scientifique et d'une pratique de l'écriture, sa nature demeure hybride et indécidable. Si l'occasion était ainsi donnée de découvrir une littérature hétérogène, au visage et à l'usage pluridisciplinaire, elle nécessitait à son tour de renouveler les études littéraires, en les ouvrant à des pistes de recherche situées aux frontières des discours et des disciplines. D'où le choix du sous-titre de l'ouvrage qui rend indissociable le processus cognitif du processus créateur. Les médiations littéraires du savoir recentrent la littérature sur les modes de formation et de transmission des savoirs, dont l'auteur comme le lecteur disposent. Plus encore, dès que les auteurs s'interrogent sur la réception du savoir qu'ils transmettent, l'horizon d'attente des lecteurs oriente le discours et le façonne, instaurant une réciprocité dont la critique littéraire à son tour prend le relais.