André Malraux et le colonialisme

Numéro 13 - 2016
André Malraux et le colonialisme

Quand il part en Indochine, Malraux est déjà un jeune homme de 22 ans, évoluant avec beaucoup d'aisance dans les salons littéraires parisiens. Qu'est-ce qui fait qu'il se transforme en un compagnon de route des révolutionnaires ? À cause de ses propres démêlés avec les autorités coloniales et de son séjour forcé à Phnom Penh et à Saigon, André Malraux a pu constater par lui-même la façon dont les indigènes étaient maltraités par des fonctionnaires corrompus. Ainsi, l'écrivain en herbe assiste impuissant au fonctionnement chaotique de la justice coloniale, le Mal étant incarné en Indochine par l'administration française. D'où son profond désenchantement puis son évolution vers la conscience politique qui l'a poussé à dénoncer dans les éditoriaux de l'Indochine puis de L'Indochine enchaînée les pratiques illégales de l'autorité coloniale, depuis les escroqueries pour l'appropriation des terres jusqu'aux meurtres commis par soldats et policiers français au nom de « l'ordre ».

Certes, l'écrivain n'était pas en mesure de stopper l'oppression du peuple annamite, mais il vécut une expérience décisive en Indochine, ayant côtoyé des hommes capables de résister quotidiennement à l'adversité. Désormais, sa vision du monde ainsi que son oeuvre future seront marquées par cette expérience asiatique.