De la Belle-de-Mai à la chaîne de l'Etoile, 1854

Il est temps, pour la satisfaction de nos lecteurs, de dire adieu à cette nature sauvage et rudement grandiose , laissons les rochers pour les fleurs, l'âpreté pour la verdure, le beau saisissant pour le beau gracieux, le terrible pour le souriant... L'artiste trouvera encore sa satisfaction dans l'examen de ces curiosités d'un ordre moins relevé que les précédentes, mais peut-être plus intéressantes et plus aimables...

On conçoit que le Marseillais s'enorgueillisse de ses campagnes, que de trésors il a prodigues pour fertiliser un sol dessèche, pour donner a sa propriété une beauté artificielle qui dissimulât sa stérilité native ! [...] Sans parler des nobles demeures qui doivent leur réputation à quelques hôtes célèbres ou à quelque souvenir précieux, on peut citer aux environs de Marseille bon nombre de villas qui se recommandent, soit par leur agréable situation ou par leurs jardins soigneusement paies, soit par leur opulence intérieure ou par leur coquette architecture. Si d'une terrasse, sa vue s'étend sur les lointains de la mer, si elle peut sonder les replis de nos golfes azures et remonter les gradins innombrables de l'amphithéâtre forme par nos montagnes, alors la villa sera vantée, non pour elle-même, mais pour le site heureux quelle occupe [...]. »

Dans ce second recueil de Promenades artistiques, Mairius Chaumelin nous guide par chemins et traverses, pistes et sentiers, du boulevard National. Jusqu'au sommet de l'Etoile, au fil de lieux aux noms charmeurs tels la Calade, Mourepiane ou la Viste. Si plusieurs bastides de la Belle-de-Mai à Bon-Secours et du Canet à Arenc ont disparu, victimes de l'urbanisation galopante, quelques autres, et non des moindres, subsistent entre les Aygalades et Fontainieu, s'offrant a l'amateur de vieilles pierres et de beaux sites. Et contrairement à ses dues, l'auteur, à travers l'évocation de la « chevalerie de l'Etoile », revient à « cette nature sauvage et rudement grandiose » qu'il affectionne, retrouvant grottes et précipices, ermitages et vues panoramiques propices à une méditation toujours teintée de poésie.