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Ce que Bernard Heidsieck n'est pas : un récupérateur du lettrisme, un dépositaire parisien du label de la beat generation et de la succursale de la contre-culture américaine. Berrnard Heidsieck n'est ni un témoin de l'après mai 68, ni un agent infiltré du mouvement situationniste... ! Bernard Heisieck a détourné le Revox de son usage de magnétophone professionnel, avant les ingénieurs du son, assis derrière la table de mixage, à l'écoute tous azimuths du monde, dans la cage de verre insonorisée d'une radio - associative ou non.

Ce que Bernard Heidsieck est... À l'instar de Serge Eisenstein davantage préoccupé par les juxtapositions de plans, Bernard Heidsieck est un explorateur - un rouleau d'adhésif et une paire de ciseaux, à la main - des possibilités du montage sonore artisanal. Comme John Coltrane et Thelonious Monk ont ajouté à la phrase musicale, il a donné du son aux mots de la poésie, pour porter, sur la scène et par l'action, son univers personnel. Acteur et performeur sarcastique de notre époque, Bernard Heidsieck approche la noirceur de Pierre Desproges et des constructions délirantes de Williams Burroughs. Étranger, et il est bel et bien étranger, aux différends entre partisans de la poésie sonore et partisans de la poésie écrite, il ausculte souffles et respirations brèves, échos et battements, paroles et silences... qu'on ne trouve dans aucun Grand Dictionnaire.