Rendre audible l'inaudible

Dans ce livre, la musique de Gérard Grisey (1946-1998) est abordée sous un angle nouveau. En fondant son approche analytique sur la relation entre « ce qui est écrit et ce qui s'entend », entre « ce qui est conçu et ce qui est perçu », Lukas Haselböck cherche d'une part à saisir le phénomène musical dans sa réalité sensible. « En essayant de se frayer un chemin entre ce qu'on lit et ce qu'on entend, s'ouvre la possibilité de nouvelles approches analytiques », écrit-il. C'est le sens même du titre « rendre audible l'inaudible », formule empruntée à Gilles Deleuze. Mais en s'appuyant sur les idées développées par Deleuze et Jean-François Lyotard, Haselböck comprend d'autre part « la modernité et la postmodernité comme un projet commun », faisant apparaître une filiation intime entre l'approche structuraliste associée à la musique sérielle et l'approche phénoménologique propre à la musique spectrale, telle que la concevait Grisey. Pour cela, l'auteur s'appuie sur son grand oeuvre, Les espaces acoustiques, ainsi que sur les oeuvres de la fin, Talea, Vortex Temporum et les Quatre Chants pour franchir le seuil, pièce ultime dont il propose une analyse détaillée. Le travail analytique est fondé sur une connaissance approfondie des esquisses déposées à la Fondation Sacher. Haselböck confronte par ailleurs la démarche de Grisey à celle de compositeurs tels que Messiaen, Stockhausen, Ligeti et Ferneyhough, en interrogeant leurs différentes conceptions de la forme et du temps. Ce livre, publié en allemand en 2009, et désormais épuisé, a été entièrement révisé et complété pour la présente publication.