Requiem pour les trouillards

Chers gens d'aujourd'hui, de quoi nos coeurs et nos têtes sont-ils faits ? À dire vrai, nous survivons passablement à cette époque, pusillanimes et neurasthéniques. La religion d'une vie réussie nous tient dans ses églises, où nous nous économisons pour exister le plus longtemps possible, beaux et lisses, selon les dogmes écolos, protectards et hygiéniques. Ben oui, les idéaux sont discrédités pour mauvais bilan et les idées n'ont pas pris le relais.

Avril 2004 à Paris. Charles de Peretti, lui, n'en peut plus de ce « frigidaire oecuménique » ! Ce flic trentenaire veut l'aventure, la vraie, et échapper aux mélopées de la vacuité et de l'ennui. La chance s'en mêle, et le voilà pris dans une course rouge sang, de Paris à Rome via Benidorm, à la poursuite d'un scientifique et surtout d'une molécule : la béta carboline. Celle-ci s'avère être l'antidote absolu contre la peur, effrayant quant à sa portée.

Dès lors, les politiques, l'armée et l'Église perdent raison et succombent à la quête obsessionnelle. Au terme de péripéties et de rencontres toutes sui generis, Charles se révèle à lui-même et comprend que sa place est en bordure des hommes, sur ses aires de solitude que seule sa Victoire est appelée à envahir ou dévaster.

Ceci n'est pas un polar ! Au-delà de l'itinéraire policier, ce Requiem-ci raconte la peur et son oeuvre récente, sous-estimée. Où l'on comprend que les années post 2001 révèlent une époque rétrograde. Un style enlevé et décalé, un discret hommage à Boris Vian, et surtout, une parole de trentenaire qui dépasse le cynisme premier. Et si Charles de Peretti annonçait une génération ?