Rouge rossignol

Longtemps j'ai cru que les femmes qui exhibaient un hibiscus sanglant, une orchidée violine ou un fuchsia en bouton là où d'autres ont une bouche, vivaient avec cette fleur de graisse au visage sans y penser, quasi naturellement. Je constate aujourd'hui que j'étais dans l'erreur. Il n'y a rien d'infus dans le port d'une bouche peinte. Cela demande une discipline de chaque instant, une conscience si aiguë du geste le plus inoffensif, du plus infime frôlement, que la vie d'une montreuse de lèvres rouges confine au funambulisme, à l'hyperconscience yoggique.

Ainsi commence cette histoire, «sur les chapeaux de roue», on pourrait même dire «à tombeau ouvert» pour certains des personnages... A un rythme endiablé, le récit traverse toutes sortes de milieux différents, depuis les bars branchés de Paris jusqu'au fin fonds de la brousse africaine, sans qu'on s'y ennuie une seule seconde - bien au contraire : on rit souvent. Et, ce qui ne gâte rien, le tout est écrit dans une langue savoureuse, jamais en panne d'imagination. Bref : un divertissement véritable, drôle, acerbe, intelligent.

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