Saint-John Perse dans sa bibliothèque

La bibliothèque personnelle de Saint-John Perse est un irremplaçable document vivant. En mettant au jour les rêves, les obsessions et les humeurs d'Alexis Leger, elle bouscule opportunément le portrait hiératique du Prix Nobel 1960. Il fut d'abord un jeune homme qui partagea avec Claudel la haine du matérialisme avant de s'éloigner définitivement des fréquentations catholiques de ses débuts. Il fut aussi un poète qui à partir de l'exil américain dénonça avec vigueur les idéologies « nihilistes » de son siècle. Le jeune homme a appris à écrire en lisant ses prédécesseurs, le poète a fait de l'emprunt livresque une pratique originale. Peut-être plus originale encore la dernière entreprise littéraire de Saint-John Perse, le volume de ses Oeuvres complètes dans la « Pléiade ». Autobiographie ? Autofiction ? Mystification ? Qu'importe ? C'est avant tout un texte sans équivalent dans la littérature française contemporaine.