Saint-Malo extra-muros

«Saint-Malo, Cité Corsaire»... Banale association d'idées qui laisse entendre que toute la gloire de Saint-Malo lui viendrait de ses corsaires, les Duguay-Trouin et les Surcouf, et même à l'occasion de quelques pirates et flibustiers.

Bernard Hue tente de dépasser ce cliché pour mettre en lumière le rôle de Malouins d'exception dont le nom demeure étroitement lié à l'Orient.

Les quatre Malouins retenus ici sont tous, à des degrés divers, des créateurs, des fondateurs qui ont laissé au monde, et non seulement à leur petite patrie ou à leurs héritiers, un apport positif et durable.

Deux d'entre eux furent chargés par le roi de France d'une mission politique dans le cadre d'une grande exploration (Jacques Cartier, - vu par Chateaubriand comme le «Christophe Colomb français»), ou dans une perspective de colonisation au temps où sévit l'esclavage (Mahé de La Bourdonnais, gouverneur général des Mascareignes). Victimes de jalousies, ils ne tirent, finalement, aucun bénéfice personnel de leurs mérites.

Les deux autres, corsaires de l'esprit, répondent à une vocation individuelle: culturelle pour Chateaubriand, l'une des gloires incontestables de la littérature universelle, chantre du christianisme et, ce qui est plus inattendu, de l'Islam; spirituelle pour Alain de Boismenu, dont l'existence fut consacrée à l'évangélisation des Papous cannibales, peuple le plus archaïque de notre planète à l'aube du XX^e siècle. Plus jeune évêque du monde, il fut qualifié par Claudel d'«évêque au coeur de lion, digne des temps les plus éblouissants de l'Eglise».

Ces quatre figures d'exception, gloires les plus sûres de Saint-Malo, ont répondu diversement à l'appel de l'Orient, en se situant aux antipodes de l'imagerie guerrière née de la course.

Avec Saint-Malo Extra-Muros, Bernard Hue, dont les livres sont consacrés à sa ville natale et à l'Orient, signe son septième ouvrage.