Salut Jérusalem

Salut Jérusalem

Les mémoires d'un chrétien de Tyr à l'époque des Croisades

La lecture de ce vaste roman historique bouleverse par son actualité. Elle inspire tant de réflexions sur la religion, la politique, la culture, la nature humaine, le déclin des civilisations qu'on en sort avec une conscience nouvelle d'un passé lointain et si proche. Et cela pour une raison bien simple : les Croisés sont parmi nous et continuent à inspirer la marche de l'humanité. Tandis que Jérusalem demeure le témoin de l'échec de l'esprit de tolérance et de fraternité.

Malgré les expressions de foi poignantes de vérité, l'auteur décrit dans un style savoureux, et comme « palpable » à force de coller à la réalité, un univers de l'ambiguïté religieuse et de la foi bafouée. En effet, sous le manteau très ample de la religion, les hommes apparaissent sans cesse tourmentés par les appels d'une puissance, d'une richesse et d'une gloire si profanes et si païennes, qu'on en est épouvanté. La religion et la foi ne sont là que pour servir éternellement de justifications et d'alibis aux entreprises humaines les plus controversées.

Est-elle inhérente à l'homme cette prodigieuse force de tout dégénérer, des plus hautes aspirations à la fraternité aux plus vertigineux appels de l'amour ? On termine, toutefois, la lecture de cette oeuvre poignante un peu apaisé : une soif d'absolu, de tolérance et de pureté finit par l'emporter.

« Salut Jérusalem » est, certes, le roman de la déception, mais aussi de la nostalgie. Il n'y a pas, il n'y aura pas de Jérusalem terrestre telle que l'ont rêvée les prophètes et les pèlerins. Jérusalem est le rêve de tolérance toujours recommencé.