Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 199 pages
Poids : 407 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-08-129297-0
EAN : 9782081292970
Quatrième de couverture
Le regard des autres... Le regard, c'est un problème d'initiation, la plupart des gens ne regardent pas, ils ne savent pas voir.
Vous voyez, on passe du verbe « regarder » au verbe « voir ».
Sam Szafran
Lorsqu'en 2008, dans le cadre d'une enquête sur Alberto Giacometti, Alain Veinstein propose à Sam Szafran un entretien pour la radio, l'entreprise semble d'abord impossible. Szafran est un irréductible, qui a pris le parti du silence.
Mais progressivement, au cours de ces trois années d'entretiens, un lien se noue entre Sam Szafran et Alain Veinstein, lequel, fidèle au rituel de ses émissions sur France Culture, sait, par des silences qui en disent long et des questions sciemment ouvertes, faire du grand muet un intarissable bavard.
« Celui qui refuse toutes les interviews, qui vit la passion de la fureur, l'obsession de la désobéissance, de la non-conformité et se tient reclus dans son atelier, n'est pas un être de peu de paroles. Il sait précisément ce qu'il veut dire et où il souhaite aller », écrit Alain Veinstein dans sa préface. On entend alors les souvenirs d'un artiste qui a connu le Montparnasse des années d'après-guerre, la vie de bohème, et qui a côtoyé quelques-unes des grandes figures de la seconde moitié du XXe siècle, à commencer par Alberto Giacometti et son frère Diego. On apprendra pourquoi Sam Szafran ne fut surréaliste qu'un quart d'heure et comment ses plaisanteries conduisaient Henri Cartier-Bresson à le chasser de ses dîners en ville. Au-delà des anecdotes, il se souvient avec pudeur de la guerre, lui, l'enfant juif qui sortit miraculeusement du Vel d'Hiv et dont le père mourut en camp de concentration. C'est bien cette enfance perdue qui, dans son oeuvre, transparaît en filigrane. Il l'entrevoit - comme dans ses cauchemars - au bout des escaliers à vis, dans les vastes espaces des imprimeries vertigineuses, à travers la luxuriance des philodendrons, fougères, aralias et autres plantes, « images » qui ne cessent de le hanter et qu'il dessine inlassablement. Sans ambages, il assure que son oeuvre est néoclassique, et évoque, à l'appui, ses techniques : du fiel de boeuf, du papier de soie, des pastels aux subtiles nuances... Un livre unique et indispensable, qui permet d'accéder à une oeuvre singulière, « l'une des plus sécrètes et des plus poétiques de ce temps » (Jean Clair).