Scènes de l'île Rodrigues

C'est une terre aux dimensions de poche, perdue à l'Est de l'océan Indien. Petite soeur oubliée de Maurice et de la Réunion, Rodrigues est la plus méconnue des Mascareignes. Baignée par un lagon deux fois plus grand qu'elle et saupoudré d'îlots inhabités, l'île se couronne de plages idylliques et de côtes de basalte, comme d'un diadème aux perles de nacre et de jais. Dépendance mauricienne, elle cultive sa différence et sa nostalgie d'un passé français, au son de la valse et de la mazurka pianotées à l'accordéon. Elle vit au rythme des marées, du balancement des pirogues et du souffle des alizés. Son pas est lent et mesuré, comme celui des piqueuses d'ourites au retour de la pêche. Et comme ces femmes, Rodrigues a su, jusqu'à aujourd'hui, garder la beauté sereine et simple des enfants de la mer. Depuis quelques années, cette île chrysalide se découvre un charme de sphinge dans le regard de touristes avides d'horizons vierges et de sourires spontanés. Est-ce une chance ou un danger ?

It is a land with pocket-size dimensions, lost in the cast of the Indian Ocean. Rodrigues, the little sister forgotten by Mauritius and Reunion, is the least well known of the Mascareignes. Bathing in its lagoon twice the size of it and dotted with small uninhabited islands, the island is crowned with idyllic beaches and coasts of basalt, just like a tiara with mother-of-pearls and jet. Dependent of Mauritius, she cultivates her difference and nostalgia for a French past, to the sound of the waltz and the « mazurka » tinkled out on the piano. She lives to the rhythm of the tides, the swaying of the pirogues and the breath of the trade winds. Her pace is slow and measured, just as that of the octopus spear-fishing women on the way home from fishing. And just like these women, Rodrigues has known how upto the present day to keep the serene and simple beauty of the children of the sea. For some years, this chrysalis island has revealed a sphinx-like charm in the eyes of tourists avid for virgin horizons and spontaneous smiles. Is this a stroke of luck or a danger ?