Collection(s) : Les p'tits théma
Paru le 15/06/2004 | Broché 174 pages
Professionnels
La science-fiction et le fantastique sont deux littératures conjecturales, deux littératures de l'imaginaire, qui plongent leurs racines jusque dans l'Antiquité. Pierre Versins fait débuter la SF avec l'Épopée de Gilgamesh, 3 000 ans avant notre ère et l'on trouve du fantastique au moins dans l'Àne d'or d'Apulée au IIe siècle avant notre ère et les récits irrationnels sont certainement beaucoup plus anciens.
SF et fantastique font donc partie de la tradition littéraire, mais ils ne se sont vraiment codifiés qu'à la fin du XIXe siècle, notamment sous l'influence d'Edgar Poe et de Wells. Pourtant, nous n'avons pas affaire à la même chose, même si une approche parfois un peu trop rapide tend à tisser des liens entre ces deux formes littéraires, au nom de l'imaginaire.
En effet, la science-fiction est un domaine et le fantastique un genre. Tous deux exploitent des thématiques différentes, leur style et le mode d'élaboration des récits sont différents, ils ne recherchent pas les mêmes effets et bien souvent ne visent pas le même public. Deux littératures de la conjecture, certes, mais l'une base ses récits sur la rationalité alors que l'autre est foncièrement irrationnelle, l'une explique et justifie ses choix, l'autre doit laisser le lecteur dans l'incertain, dans l'indécision.
Deux littératures proches, mais avec des régimes différents : la science-fiction est tolérée par l'institution scolaire et universitaire, alors que le fantastique est une paralittérature « noble », respectée, parce que des écrivains attestés par le système ont laissé des textes en tout point estimables : Nodier, Maupassant, Nerval... Ce n'est pas le cas de la science-fiction, sauf avec des textes souvent médiocres.
Pourtant, ces deux paralittératures ont marqué l'histoire littéraire par des chefs d'oeuvre, des textes de qualité, bien écrits, où l'imaginaire est fécond, souvent beaucoup plus que dans la littérature générale, mais science-fiction comme fantastique posent bon nombre de questions et toutes ne sont pas résolues par la critique. On en saura un peu plus en se reportant à ma préface.
