Solstices

le poème sans mots / qui donc saura l'écrire / / qui saisira le sens / au-delà des pensées / / cette flamme qui danse / au seuil de l'Au-Delà / qui saura la transcrire / dans l'effluve d'un Verbe / enfin désincarné / si fluide qu'il aura / la souplesse de l'herbe / et la simplicité / de l'eau courant sur les galets

je vais par les allées / entre les arbres verts / aux poumons de feuillage / entre lesquels descend / en son disque diaphane / le soleil comme un coeur / fatigué de tirer / les lourds chariots du sang / tandis que m'enveloppe / en sa brume sans âge / un songe si profond / que j'en oublie le temps / me perdant moi aussi / dans la contemplation / immobile figé / dans le recueillement

Solstices traite d'un sujet grave - le tragique de la condition humaine, prise dans l'étau du temps et de la mort. Mais en lisse l'âpreté par la fluidité d'un verbe mélodieux, à la douceur caressante, et la vertu d'une délicatesse de ton fragile, précieuse, constamment digne.