Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 216 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 21cm X 30cm
ISBN : 979-10-91469-01-2
EAN : 9791091469012
Songeries d'un rêveur insulaire
sur le grand océan des mots, lorsque le verbe se fait mer
Quatrième de couverture
Le vent m'a feuilleté des pages d'océan, où lire, en froissements, les visages de l'homme, où deviner glisser, sous des rires de frais, les îles d'or de tes seins crus mouchetés de laitance, les dunes inondées de tes flancs à rouler (...)
Parlait ainsi homme de mer, tenant propos d'homme de mer,
Louait ainsi, louant l'amour et le désir de mer
Et vers la mer, de toutes parts, ce ruissellement encore des source du plaisir (...)
Les premiers vers que j'ai cités sont de Jean-Marie Gilory, et je n'ai pu m'empêcher d'y ajouter les seconds, où vous aurez reconnu Saint-John Perse, tant ils semblent s'appliquer au poète que vous allez lire ici. Ce marin, Capitaine au Long cours, fils de marin, a en effet bourlingué sur quasiment tous les océans avant d'y faire naviguer les autres, puis de devenir le capitaine d'une embarcation poétique, Sac à mots édition, qui, malgré son modeste tonnage, a prouvé depuis plus d'une décennie qu'elle tenait assez bien la mer et le vent...
Quant à son oeuvre écrite, je dirai qu'elle est marquée d'une triple empreinte : l'amour de la mer, l'amour de l'amour, et l'amour des mots. L'océan pour JMG constitue un inépuisable réservoir de métaphores, mais la mer est aussi célébrée pour elle-même, et l'emprise qu'elle peut avoir sur son imaginaire vient d'une longue vie commune, même s'il connaît par ailleurs à la perfection tous les poètes qui l'ont célébrée : J'ai su / très tôt / les dons / que je / n'avais pas // J'ai su / très tôt / comment / m'en passer // Seule la mer / a su m'orner / des inéquations infinies / de ses trigonométries... écrit-il dans "Si tu savais, la mer..."
C'est souvent aussi elle qui prête son langage à l'autre thème favori de JMG : l'amour et la célébration de la femme, source d'inspiration profuse où le langage poétique voile et dévoile une dimension charnelle toujours prégnante derrière le jeu des images : Et si la houle c'était vous / quand vous doucissez mes brisants / et lorsqu'au-dessous de mes proues / je sens vos hanches s'enrouler...
Enfin l'amour des mots. On sait que pour un poète, les mots ne constituent pas des signes abstraits, mais prennent une consistance particulière, une matérialité qui fait que leur substance sonore devient aussi importante que la charge sémantique qu'ils véhiculent. Jean-Marie Gilory aime les mots, les caresse, joue avec, utilise toutes leurs ressources, les dresse et les drosse, sachant qu'ils sont, de toutes façons insubmersibles...
Lire les présentes "Songeries d'un rêveur insulaire", véritable chanson de geste, c'est, vous l'aurez vite compris, prendre les mots comme on prend la mer ; comme on file au large. Avec des tangages et des roulis croisés.
Jean-Paul Plantive