Station Goncourt

J'ignore si Arnaud Viviant à l'ambition de nous proposer une "histoire personnelle du livre et de la littérature", mais à la fermeture de son dernier ouvrage (et je me réfère aussi au précédent : Cantique de la critique, La Fabrique, 2021), je ne peux que, modestement, l'encourager à continuer dans cette voie, tant elle me semble pertinente et efficace. Et au premier abord, c'était loin d'être gagné, car d'une part il est juge et partie pour parler des prix littéraires, et d'autre part il va se permettre, tout au long de ce travail d'écriture, de se mettre en scène pour illustrer son propos. Alors ne perdons pas de temps, c'est très réussi ! Car en tirant sur "le fil" du prix littéraire, qu'il va décrire sur quasiment tous ses aspects, et de façon fort pédagogique, c'est toute "la pelote de laine" du champ littéraire que notre auteur interroge en faisant craqueler de temps en temps ce que nous appelons "la république des lettres". Mais ce qui fait la force de ce livre c'est paradoxalement sa narration subjective et personnelle qui, dans un premier temps, permet d'incarner voire de matérialiser un sujet qui pourrait être considéré comme futile et dans un second temps, nous fait comprendre que la littérature peut-être un formidable vecteur d'observation de nos vies contemporaines. Le grand Pierre Bourdieu dans son incroyable livre Les règles de l'art décrivant minutieusement le champ littéraire, disait : "c’est la lutte même qui fait l’histoire du champ, c’est par la lutte qu’il se temporalise", Arnaud Viviant, à sa façon, vient d'entrer dans la bataille. A lire sans modération !