<>. Reproduit dans les Citations du Président Mao, cet extrait du Rapport d'enquête sur le mouvement paysan au Hunan, rédigé en mars 1927, fut abondamment diffusé pendant la Révolution culturelle. La révolution, selon Mao et d'autres avant lui, nécessite et donc légitime la violence. Reste la culture, puisque la révolution en cours était qualifiée de culturelle. Le goût de la chair humaine qui se répandit dans la province pauvre, périphérique et pluri-ethnique du Guangxi ressortait-il d'une culture cannibale ? Dans cette province rurale et arriérée, il fut difficile de satisfaire au quota d'ennemis de classe, représentants de la voie capitaliste ou du révisionnisme moderne à l'échelon du village ; d'aucuns, membres ou anciens membres ou fils de membres d'une quelconque catégorie déclarée infamante furent donc désignés à la vindicte de foules ahuries de manipulations, et massacrés par milliers. Anticipation des champs de la mort cambodgiens. A la faveur ou aux marges de ces meurtres de masse, des dizaines de cadavres furent débités, les meilleurs morceaux, le foie et le coeur réputés redonner vigueur et santé, pour les meneurs, les badauds, désinhibés, se contentant du reste.
L'auteur, écrivain et journaliste réfugié aux Etats-Unis ne cache pas sa détresse en évoquant les victimes, mais aussi les assassins, manifestants repentis et peu sanctionnés. Pas un dîner de gala...
François-Yves Damon
Université C. de Gaulle, Lille III