Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 161 pages
Poids : 154 g
Dimensions : 12cm X 18cm
ISBN : 978-2-35480-223-3
EAN : 9782354802233
Superyachts
luxe, calme et écocide
Les libraires en parlent
J'ai grandi sur la Côte d'Azur, "qualificatif lancé en 1887 par Stephen Liégeard", d'azur parce que "ciel et mer ont bien la couleur promise" comme le souligne Gregory Salle. Je garde une image assez nette des ports occupés par les yachts, et de la fascination que semblent souvent exercer les riches, la façon dont ils distribuent quelques apparitions à la presse people et retournent ensuite dans leurs palais en bord de mer ou dans ces palais flottants et ostentatoires que sont les superyachts. Les riches, de nos jours, manipulent avec art l'apparition et la disparition, le dévoilement et le secret, Gregory Salle (qui a travaillé auparavant sur le système carcéral) le déplie très bien dans son livre.
Je ne suis toutefois jamais monté sur un yacht, quelle qu’en soit la taille. Ce n'est pas particulièrement destiné aux libraires ni même aux habitants de la Côté d'Azur, tout le monde le sait bien. On le sait même tellement que les superyachts et la pseudo-activité de plaisance qu'ils promettent (l'attente en plein soleil des heures durant au milieu d'autres yachts par-dessus les fonds marins cela ne peut être que pour les touristes et leur amour des coups de soleil). Nul n'y pense beaucoup et nul n'y prête beaucoup d'intérêt, aux yachts et superyachts. C'est toute l'importance de ce livre, pas parler des pages durant des superyachts et leurs éventuelles douches à champagne, ça des magazines, des salons, des sites internet en font assez la promotion, non. Mais se saisir de ces engins qui polluent et occupent littéralement la mer, particulièrement près des îles ou des plus belles plages, pour enquêter sur ce que deviennent le capitalisme et la richesse des puissants depuis 30 ans, se saisir de l'écocide en cours par le biais d'équipements destinés à un faible pourcentage des habitants de ce monde mais qui participent pourtant grandement chaque année à la destruction écologique des fonds marins et à l'extraction des énergies fossiles. Tout y passe, le mépris pour le droit du travail, la façade verte des énergies renouvelables pour des navires qui sur-consomment en carburants, l'impunité généralisée et cette idée que partout où il y a des riches un peu leur éclat ruisselle et se dépose sur le littoral. Comme le souligne l'auteur, si l'on prend une photo du port d'Antibes dans les années 70 et qu'on la compare à maintenant, on a une image finalement assez précise du remplacement des embarcations par les superyachts, et par là des transformations du capitalisme financier.
"C'est fou ce qu'on trouve sur un superyacht, en fin de compte: de la lutte des classes au gaspillage ostentatoire, de la fraude discale à la délinquance environnementale,du greenwashing à la gestion différentielle des illégalismes..."
Quatrième de couverture
Un superyacht, c'est une embarcation dépassant 24, voire désormais 30 mètres, sous l'effet d'une course à l'allongement. Au début du siècle, on comptait environ 2 000 vaisseaux de ce type dans le monde ; deux décennies et une crise financière plus tard, ils sont trois fois plus nombreux. Loin d'être anecdotique, la plaisance de luxe met en évidence la sécession sociale et le gâchis environnemental des plus riches. Simple lubie de milliardaires au mode de vie extravagant ? Plutôt un reflet du monde comme il va. Non pas démesure, mais mesure - celle du délire général qui a pour nom « ordre social ». Forme contemporaine de la réclusion ostentatoire, miroir grossissant des inégalités, le superyacht nous conduit tout droit aux grandes questions de notre temps, y compris celle de la reconnaissance juridique de l'écocide. De la lutte des classes à la surconsommation des riches, de l'évasion fiscale à la délinquance environnementale, de l'écoblanchiment à la gestion différentielle des illégalismes : tirer le fil du superyachting, c'est dévider toute la pelote du capitalisme.