Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 174 pages
Poids : 226 g
Dimensions : 14cm X 21cm
ISBN : 978-2-86231-579-9
EAN : 9782862315799
Quatrième de couverture
Blondie est une superbe enfant, différente dans son milieu familial brutal. Adolescente brûlante qui cherche l'amour et le rapprochement des corps, elle rêve d'ailleurs, de liberté. Elle découvre un microcosme inconnu, le monde débauché des nuits troubles parisiennes, la prostitution, se cherche des raisons d'être, jusqu'au jour où la fuite va s'avérer vitale. L'accident de la route dont elle est victime la laisse défigurée. Elle va devoir se reconstruire, trouver sa véritable identité, au-delà du genre dans lequel elle est née. Didier Thurios, dans ce roman à l'écriture syncopée et au rythme effréné interroge les arcanes troubles de la quête d'identité de genre, mettant en scène un personnage lumineux et solaire.
« La bouteille de vodka je l'ai terminée avant de m'aventurer. Je prends les bords du canal qui semblent à peu près déserts. Les Africaines racolent sur l'autre rive, les néons crachent une lumière timide. Sur le trottoir ça pullule. Ça commence déjà les regards. Je m'engouffre dans le premier café venu, le Winger. Au bar trois types devisent sur des tabourets. Je repère une table un peu à l'écart. Je passe devant des tablées de joueurs fesses serrées, m'assois et commande une vodka sans glace au serveur goguenard. Tous les regards convergent vers moi. Les joueurs le serveur les trois types du bar. Je plonge mes yeux au fond du verre, j'y plongerais bien le reste si je pouvais et essaie de calmer les battements de mon coeur. Ça cogne à mes tempes. Les gus de la table à côté reluquent mes jambes puis me dévisagent. Sourient en silence. Tentent de se contenir. J'entends glousser tout autour. Ça parle, ça rit sous cape. J'imagine les réflexions, les entends sans les entendre. Je suis l'attraction. Je suis au zoo de l'autre côté des grilles, à la foire du trône. Malaisant de chez déstabilisant. Je vide ma vodka cul sec, laisse vingt euros dans la soucoupe, c'est vraiment pas le moment d'attendre la monnaie, je me lève et trace vers la sortie. Sur mon passage et dans mon dos des mots et des cris de toutes parts, des rires gras trop longtemps contenus. »
« Me suis endormie à l'orée du virage. Y a eu un grand bruit. Un éclair, puis plus rien. Une fumée blanche. Un numéro sur un mur déglingué, le 96. Des briques rouges sur le capot de la caisse. Tout tourne, se déforme. La poussière le sifflement du pneu avant gauche, le numéro 96. Sauf moi. Qui tourne pas. Je suis assise à ma place, droite comme un I. À ce qu'il me semble. Ou un I grec je sais plus trop. Je regarde droit devant. Ne comprends pas tout de suite. Dehors c'est la nuit. Je regarde droit devant. D'un oeil. Le gauche, le droit ne répond plus. Je baisse la tête. Mes jambes se carapatent sous le volant. Je ne sais pas si j'ai mal. Un peu au genou gauche, sans plus. Mes cuisses. Blanches. Je les vois. Je relève la tête. Le numéro 96 toujours. La fumée grise maintenant, elle a changé de couleur. Je crois comprendre. Mais pas tout, pas encore. C'est trop gros. »