Terre et société en Révolution

Cette histoire s'inscrit dans un coin de Touraine, autour de la ville d'Amboise. La dimension viticole de cet espace à la fin du XVIII^e (1780-1816) qui en fait un monde plein, la présence de la Loire et des levées la bordant qui en font un lieu de passage, ont contribué à imposer l'objet de cette étude : le lien social. Dans le cadre d'un espace qui, pour reprendre les termes de Michel Vovelle dans la préface qu'il donne ici à l'ouvrage, «n'a rien de médiocre» (un peu plus de 250 km² et environ 15 500 habitants en l'an II), l'auteur montre comment fonctionnent divers aspects du «vivre ensemble». Il s'agit de prendre la mesure de l'intensité de la vie relationnelle comme de l'une des dimensions fondatrice des existences sociales. Cette vie relationnelle est abordée du point de vue des pratiques, des interventions dans l'espace social telles qu'elles sont officialisées et rendues publiques par le recours aux notaires. Par ailleurs, cette vie relationnelle est cernée à travers une série de tests qui mettent l'accent sur les relations économiques et privilégient parmi celles-ci les relations à la terre.

Enfin, l'analyse a en son cœur la Révolution française et montre comment cette période de «grand remuement», pour reprendre l'expression chère à Jean Jaurès, transforme et intensifie l'activité relationnelle en particulier par les situations nouvelles qu'elle suscite dans les rapports à la propriété de la terre. L'étude fait pour cela la part belle aux relations sociales telles qu'elles se nouent à travers les achats et les ventes de terre qui se poursuivent sur le marché ordinaire pendant toute la période ainsi qu'aux ventes et achats des biens nationaux, ventes extraordinaires qui viennent ainsi trouver leur place dans l'ensemble des dynamiques sociales qui animent alors cet espace.