Theytaz, gens de la montagne

Quand l'histoire commence ils étaient deux. Un homme et une femme. Ils s'étaient unis selon les rites de leur foi. Puis sont venus les enfants. Dans ces temps austères, en ces lieux hostiles, ils ont trimé pour féconder une terre sans pardon, pour nourrir la marmaille qui s'impatientait. Et puis tout ça avait grandi, tout ça s'était égaillé, on avait à son tour formé foyer, enfanté, trimé sous les étoiles de cette Terre d'Anniviers, certains en des vallées voisines ou par-delà les mers. Et à l'autre bout du temps, de très lointains descendants s'étaient rassemblés à la veillée, pour songer à ces deux vieux de l'autre temps, pour songer à tout ce qui était venu d'eux, par le mystère de la vie et de la génération. Ils étaient songeurs à la veillée, et puis ils ont décidé, comme ça, poussés par l'esprit qui soufflait, de se plonger dans ces quatre siècles, ils se sont affairés pour redonner un peu de vie à tous ces morts, tous ces morts qui se pressaient en rangs serrés afin de retrouver un moment de lumière, enfantés par leurs enfants et petits-enfants d'eux-mêmes sortis. Il fallait voir cette procession d'ombres tout illuminée par la flamme de ces descendants qui s'empressaient ainsi sur leur tombeau. Ils voulaient tous être de la fête. Et ils se retrouvent ensemble, morts et vivants, lors de la journée des Theytaz de ce mois d'août 2003, entourant les deux vieux, un homme et une femme, qui siègent en haut de cet arbre généalogique, qui siègent en haut et contemplent ce qui de leur semence est advenu.

Ce très beau livre est l'histoire d'une longue souvenance, il apporte aussi un éclairage précieux sur le val d'Anniviers d'autrefois. On a beaucoup aimé et vous aimerez beaucoup.

Jean-Claude Pont