Toujours tout droit

Voici l'histoire d'Étienne, un jeune chemineau auvergnat parti sur les chemins chercher du travail qu'il ne trouvait plus dans ses montagnes « Toujours tout droit » est sa devise. Une devise forte parce qu'elle est naïve. Elle le mène jusqu'en Charentes où il s'engage sur le chantier de construction d'une route qui traverse la sinistre forêt de Nègrebois. C'est l'époque des années 1830 où le pays charentais devenu prospère grâce au cognac se couvre de tout un réseau routier dont la création attire de nombreux immigrés des provinces voisines, en particulier des Auvergnats dont on disait qu'ils étaient « en remue ».

Il commence comme brouetteur puis devient piqueur. Sachant manier la pioche avec ardeur, il ne tarde pas à s'imposer comme contremaître avant d'être nommé chef de chantier. Plus tard, il crée sa propre entreprise de travaux publics. Tout n'est pas rose dans sa vie, mais il la prend avec courage. D'autant qu'il est confronté à un « homme à la tignasse jaune » qui enlève les enfants, force les coffres-forts et suscite des émeutes sur les chantiers si pénibles qu'on y recrute des anciens bagnards de Rochefort.

Une histoire romancée bien sûr, mais inspirée par la réussite du grand-père de l'auteur qui, comme Étienne quitta l'Auvergne en chemineau, sa pioche à l'épaule, pour devenir le plus gros entrepreneur de travaux publics des Charentes. Une histoire qu'on raconte aux enfants en les faisant tout à la fois frémir face aux dangers de Nègrebois et rêver du monde d'autrefois. Une histoire qui remplit aussi leurs parents de cette nostalgie si agréable parce qu'on la sait proche des enfances imaginaires.