Tous locataires

Tu me demandes ce qui me fait vivre alors que sans cesse la vie s'échappe des quatre coins du monde, comme d'un pneu usé.

Ce qui me fait vivre ? C'est d'abord l'homme que j'aime, cette certitude immense que quelqu'un tient à moi. (...)

Il y a aussi les blés, les sentiers sous le ciel, le pays que j'habite. Tant de mystère à éplucher. Et la rencontre au détour d'un mot, d'un chemin, du hasard...

Nous sommes tous locataires de cet espace de vie qui est le nôtre. Un espace à la fois infiniment petit et singulièrement grand selon le point de vue que l'on accepte... ou mieux, que l'on décide d'adopter. A chacun de trouver son chemin dans les méandres complexes du grand cirque des apparences, au coeur de la déferlante des informations et des ragots, là où chercher son frère, son semblable, son amour tient aujourd'hui du parcours du combattant.

"Cette pièce très intéressante dérouterait au plus haut point les lecteurs qui n'auraient d'autre modèle que celui du texte classique. Comme beaucoup de pièces contemporaines, elle ne repose pas sur une construction narrative faisant se déployer une fable de façon linéaire, mais réalise au contraire une sorte de parole sinueuse, suivant des reptations à la fois retorses et généreuses. On a donc l'impression, dans cette écriture, d'une sorte de volonté à la fois de dédoublement de la parole et d'enroulement sur elle-même..."

Marie Bernanoce (Extraits)